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De surcroît, cette clef d’interprétation universelle s’accompagnera
d’un projet de refondation spirituelle de l’occident1. Ce second
souci fut énoncé par Albert Hoffman dès la publication de The Road
to Eleusis. L’objectif fut en effet de faire renaître et multiplier, sur
un modèle adapté d’Éleusis, les lieux où l’expérience des “mystical-
ecstatic states of consciousness” pourra : “unite and strengthen the
many spiritual currents of our time”2. Cette visée platonicienne du
projet panmyciste s’alimentera du mysticisme occidental et
relaiera les approches spiritualistes de Jung ou de Mircea Eliade.

À cette fin, C. Ruck, J. Bigwood, D. Staples, J. Ott et R. G. Wasson
ont forgé le néologisme “entheogen” (pour “god within” dans
l’acception de Wasson) ; l’idée générale est de qualifier les plantes
qui induisent la rencontre avec le divin. L’explication par la vertu
enthéogène est de la même valeur que “la vertu dormitive de
l’opium”, mais pour les wassoniens, il y a bien un monde au-delà du
monde – a reality deeper – auquel l’esprit peut accéder grâce aux
propriétés de certaines substances, qu’elles soient traditionnelles
ou de synthèse :

… the fellowship of the ancien initiates in a lasting bond of
friendship, a friendship born of a shared experience of a
reality deeper far than had known before.

(Road to Eleusis, p. 60).

§

Désireux de me tenir à l’écart des rationalistes étroits autant que
des spiritualistes débridés, je fus conduit à rechercher un cadre
théorique à travers lequel évaluer mes propres hypothèses. Cette
situation était déséquilibrée, puisqu’un “savoir” n’existe que
lorsqu’il est partagé dans un groupe. Conscient de ce qu’une vérité
résulte d’un travail collectif de vérification et de réajustement, je

1 Ce projet est toujours réaffirmé, par exemple en 2016, lors du Festival
international de Poésie de Medellin, voir chap. VII, Le panmycisme comme
processus anagogique.
2 The road to Eleusis.